Après un Aorus X3 plus v3, la marque taïwanaise poursuit sur sa lancée et nous offre la possibilité de tester une version X5 de 15,6″. Toujours plus est-il synonyme de toujours mieux ? Avant de débuter notre test, vous pouvez consulter notre comparatif des meilleurs PC portables gamer pour voir d’autres modèles. Maintenant, place au test !
Lors de l’annonce du nouvel opus de 15 pouces de chez Aorus, nous étions excités comme des groupies un soir de concert des One D. Et, à la lecture des spécifications techniques, notre appétit insatiable de pixels pouvait enfin trouver quelque chose à sa hauteur ! Visez plutôt :
- Processeur Intel Core i7-5700HQ, quatre cœurs, huit threads à 2,7 GHz
- 8 Go de RAM en DDR3L-1866 (32 Go Max.)
- Double GPU Nvidia GeForce GTX 965M en SLI
- Deux SSD en M.2 de 256 Go montés en Raid 0
- Disque dur de 1 To 7200 t/m pour le stockage
- Ports : 4x USB 3.0, HDMI, Mini-DP, VGA, RJ45, lecteur de cartes SD, prises casque (SPDIF) et micro.
- Puce réseau Atheros Killer LAN, puce de compression vidéo dédiée pour le streaming de votre écran en pleine partie de jeu, deux haut-parleurs de 1,5W et un subwoofer, sans oublier le WiFi AC et le Bluetooth supportés par une puce Intel.
Les ports à l’arrière du Aorus X5
La belle…
Tout cela, dans un châssis de 39 cm sur 27,2 cm et 2,29 cm d’épaisseur pour 2,5 kg sur la balance, l’Aorus X5 veut se tailler une belle part dans le secteur du Gaming en mobilité. Et pour cela, la fiche technique ajoute le support de la technologie G-Sync de Nvidia, avec sa dalle de 15,6 pouces d’une définition de 2880 par 1620 en IPS. Concrètement, G-Sync permet de synchroniser l’affichage des images à l’écran avec le taux de rafraichissement de la dalle. Configurée en 60 Hz, nous obtenons donc un maximum de 60 images par seconde, dans le meilleur des cas. Ainsi, en combinant cette technologie et une dalle compatible, nous ne devrions plus souffrir des effets de clignotements des images ou des escaliers, résultant d’une désynchronisation entre la sortie GPU et la dalle.
Les ports sur le côté gauche
Entrons vite dans le vif du sujet. Notre configuration SLI et G-Sync activés, nous plafonnent en effet à 60 fps sur l’ensemble des jeux que nous avons testé. Normal, puisque dépasser cette limite ne ferait que réapparaitre une désynchronisation. En revanche, le plaisir du jeu, sans saccade, sans clignotement de l’image, est bien présent. Le couple fonctionne bien. Mais à quel prix ? C’est ce que nous allons découvrir lors de nos benchmarks.
Les ports sur le côté droit
De là , nous arrivons sur une autre technologie, cette fois-ci maison, avec le panneau de contrôle de la machine. Command & Control de son petit nom, ce panneau permet de piloter l’ensemble des fonctions du Aorus X5, comme l’éclairage du clavier, la vitesse du pavé tactile (et sa belle tête d’aigle dessus), le WiFi, le Bluetooth, mais aussi la ventilation. Plusieurs modes sont disponibles pour ce dernier paramètre : Silence, Optimal, Gaming et Personnalisé. Autant vous le dire tout de suite, dans le mode Gaming, les chevaux étant lancés à plein régime, la ventilation souffle tout ce qu’elle peut, et cela s’entend ! Avec pas moins de 43 dB, notre micro étant toujours posé en face de la machine à la place de l’utilisateur, la machine n’est absolument pas discrète dans un salon. Votre partie de jeu devra donc se faire dans une autre pièce, au risque de vous prendre des coussins sur la tête parce que vous faites trop de bruits !
L’ouïe d’aération, côté droit, avec le même design que le X3
Et la bête !
Cependant, malgré cette ventilation bruyante, elle est pour le moins efficace. Nos jeux testés, en configuration haute en définition Full HD, passent sans aucun problème. Le SLI fait merveille dans ce PC portable, quel que soit le jeu lancé. Tandis qu’en mode Silence, les choses ne sont pas aussi brillantes. Cette fois, point de coussins vengeurs, mais au prix d’une surchauffe des composants internes. De fait, les performances s’effondrent, à cause du throttling CPU et GPU, permettant de ralentir la cadence de fonctionnement de ces deux puces afin de réduire la dissipation thermique.
Là , vous vous demandez sûrement si nous n’y allons pas un peu trop fort quant à cette perte nette de performances. Donnons quelques exemples pour être précis dans nos propos :
- BioShock Infinite, configuration High Full HD, mode Silence : 64 fps
- BioShock Infinite, configuration High Full HD, mode Gaming : 146 fps
- Tomb Raider, configuration High Full HD, mode Silence : 62 fps
- Tomb Raider, configuration High Full HD, mode Gaming : 151 fps
- Sleeping Dogs, configuration High Full HD, mode Silence : 51 fps
- Sleeping Dogs, configuration High Full HD, mode Silence : 117 fps
Clairement, tous ces jeux sont jouables, en mode Silence.
On divise tout de même les performances par deux dans ce mode de fonctionnement. Si l’on cumule G-Sync et mode Silence, certains jeux testés ne deviennent plus franchement jouable avec de belles saccades lors de séquences un peu chargées, comme les phases de combats par exemple. Il faudra donc choisir en fonction de votre situation et du besoin. Sachez qu’en mode Silence, sans G-Sync, les effets décrits plus haut reviendront et la netteté des images n’y sera plus selon la cadence du nombre d’images par seconde en sortie de GPU.
L’avantage d’une telle configuration réside également dans la possibilité d’y connecter de nombreux écrans. Avec le SLI et le mode Gaming, il est possible de jouer, avec un paramétrage pas trop gourmand, en double écran. Le triple écran est un peu plus compliqué et la consommation des jeux devient problématique. Mais savoir que l’on peut éventuellement utiliser le Nvidia Surround, c’est toujours un petit plus.
Puisque nous parlons consommation, la batterie de 73,26 Wh (soyons précis) ne tient pas la route. Certes, il y a dans cette machine des tonnes de composants qu’il faut bien caser péniblement dans cette carcasse plutôt bien réussie. Il ne reste donc que peu de place pour y glisser une batterie permettant de jouer sans avoir un fil d’alimentation accroché en permanence. Pire, la lecture d’une vidéo Full HD, dans le mode Silence (nous aimions entendre le film et pas la ventilation dans ce type d’utilisation) met à plat l’Aorus X5 au bout d’une heure et quinze minutes. C’est trop juste pour lire un film dans le train ! D’autant, qu’en mode Gaming, si l’on oublie de changer de mode, la ventilation s’emballe régulièrement pour évacuer la chaleur générée par le décodage de la vidéo.
Pour alimenter, et recharger la batterie, le bloc de transformation est sans conteste possible imposant. Pouvant délivrer 200 Watts de jus à notre machine, il pourra aussi faire office de réchauffe pied, ou chat, selon votre envie, et la sienne. En s’intéressant de plus près au chargeur, même en ayant des problèmes de vue, nous ne pouvions pas manquer la marque visible qui pourvoit cet élément : Gigabyte.
La batterie est aussi signée Gigabyte
Du Gigabyte à tous les étages
Autant, nous pouvons être surpris, autant nous ne le sommes pas vraiment. Comme nous le disions dans le test du Aorus X3 plus v3, Aorus n’est qu’une marque d’assemblage de PC qui s’appuie sur diverses autres marques du secteur comme Clevo et Schenker. Nous ajoutons donc aujourd’hui une nouvelle pierre quant aux partenaires de la marque. Gage de fiabilité ? La société Gigabyte n’est pas connue pour ses produits basse qualité, ou d’entrée de gamme comme certains pourraient le dire. Globalement, les retours sur la marque sont bons et la conception interne de notre Aorus X5 étant signée Gigabyte, nous espérons donc que la machine tienne le coup sur le long terme.
Comme soulignée quelques lignes plus haut, la ventilation est efficace. Rappelons que nous sommes entourés d’un CPU de 47W de TDP et deux GPU en SLI. Les caloducs équilibrent bien le transport de la chaleur jusqu’aux deux turbines de refroidissement. A pleine puissance, malgré un bruit d’enfer de soufflerie, la cadence tient la route et les puces peuvent s’exprimer sans trop de contraintes, comme l’illustrent les fps ci-avant. Même l’ouverture du capot arrière est assez simple avec quelques vis Torx à retirer. Nous avons alors accès à l’ensemble des composants de la machine. Le remplacement du disque dur est rapide, tout comme les barrettes SSD au format M.2. Les deux slots vacants pour la RAM ne sont pas empilés. Il suffira de les insérer pour augmenter la taille de la mémoire vive. Attention, l’Aorus X5 n’accepte que des barrettes en DDR3L à 1,35V. Faites attention au moment de la commande de vos barrettes.
Trois caloducs pour chaque GPU et trois autres pour le CPU
De manière générale, la qualité d’assemblage est à l’image du X3 plus v3. Du plastique bien clipsé, une forme élégante pour qui aiment les PC au look assumé, sans oublier les petites touches spéciales çà et là qui ne manqueront pas de faire vibrer la corde sensible du joueur. On pense notamment aux touches macro, que nous avions déjà sur la version 13 pouces. La version 15 pouces rajoute une petite subtilité : la compression vidéo à la volée pour le streaming de votre écran.
Comme cela, ce n’est pas franchement évident. Mais prenons un cas concret : vous êtes en train de déchirer une partie de LoL et vous voulez filmer votre manœuvre pour la diffuser en live sur Twitch ou tout autre support du style. Et bien, si le logiciel que vous utilisez support la compression matérielle, cette petite carte intégrée permet de décharger le CPU de cette tâche. Alors, le CPU n’ayant plus ce logiciel dans les pattes, il pourra donner tout ce qu’il a pour votre exploit. Exit donc les lags de la dernière seconde et à vous la gloire et les… Non, pour ça, Aorus ne le garantie pas.
Clavier rétro-éclairé et touches de jeu visible
Bon, tout ça, c’est bien joli, mais nous n’avons pas encore parlé du son. Certes, cette partie-là n’est guère que survolée, d’autant que les joueurs préfèreront y ajouter leur casque audio préféré. Sachez tout de même que l’audio n’est pas son point fort. Avec un réglage Windows à 80%, le son sature déjà et l’écoute n’est clairement pas bonne. Même en n’étant pas un audiophile, on sent que le son produit par les deux haut-parleurs n’est pas de bonne qualité. La restitution des bruits d’ambiance dans les jeux n’en met pas plein la vue non plus.
Nous sommes réellement tristes car ce n’est pas le seul point négatif. Le trackpad, avec sa belle tête d’aigle, n’est pas précis. L’utilisation en devient fastidieuse après quelques heures de travail et de navigation sur Internet. Pour celles et ceux qui connaissent les trackpad Apple, vous devriez voir ici une belle différence entre les deux. Nous sommes clairement revenus en arrière par rapport à son petit frère de 13 pouces. Est-ce le prix à payer pour avoir son décalco sur le pavé tactile ? Dommage.
Machine éteinte, en pressant le clic droit, on peut voir le niveau de la batterie à droite
Nous souhaitons aussi vous attirer l’attention sur un dernier point : la dimension. La dalle de 15,6 pouces est propre. Rien à redire de ce côté. Avec un revêtement presque mat, nous n’avons pas souffert de reflet, même dans le salon familial, après le repas dominical chez la grand-mère paternelle. Non, ce que nous voulions vous dire ici, c’est que les dimensions sont proches des PC portables de 17 pouces. Avec un sac à dos pour machines de 15 pouces plutôt permissif côté dimension, il n’a pas voulu accepter l’Aorus X5 ; impossible de ferme la fermeture éclair, tendue à en fatiguer les coutures. Un PC portable de 15 pouces standard posé dessus nous montre clairement que Gigabyte a pris quelques libertés quant à la fabrication de sa machine. Avec près de deux pouces supplémentaires, nous comprenons maintenant pourquoi nous avons autant de composants à l’intérieur du X5.
Docteur Jekyll et Mister Hyde
Pour un tarif de 2400€ environ, selon la crèmerie, Aorus signe ici un PC portable de bonne facture, véloce et capable de pousser du pixel à la demande. Les points forts sont à l’avenant avec une fiche technique qui fait baver et une ventilation efficace. Ce dernier point s’ajoute malheureusement aux points négatifs puisque cette dernière est tout aussi bruyante qu’efficace. Le son n’est pas franchement le critère lui permettant d’acquérir des acheteurs, non plus.
Des LEDs d’activité discrètes qui peuvent donner le niveau de la batterie
Autre point négatif, que l’on peut mettre en balance, le prix. Malgré un prix du CPU à plus de 300$ (pour 1000 pièces achetées) et des puces Nvidia tout aussi cher, il reste encore un peu de marge pour ajouter les composants restants. La marge, justement, Aorus s’en prend une bonne part pour le reste puisque Gigabyte étant à la manœuvre, les composants et le design de la carte mère y sont probablement déjà rentabilisés. Le design de la machine en fait un PC portable qui se veut assez luxueux afin d’y demander un tel prix. Un luxe que l’Aorus X5 n’arrive pas à atteindre avec ses quelques défauts, pourtant évités sur le petit modèle. Notre conseil ira donc à la patience, le temps que Aorus, pardon, Gigabyte corrige le tir avec une nouvelle révision tout justement nommée Aorus X5 plus v2.
Les Plus :
- Look assumé
- Performances
- Ventilation efficace
Les Moins :
- Ventilation bruyante
- Trackpad pas au top
- Sonorisation moyenne