Apple, dans une tentative d’apaiser les tensions avec les régulateurs européens, a dévoilé une version révisée de son plan de conformité au Digital Markets Act (DMA). Loin de calmer les esprits, ces nouvelles règles ont provoqué une levée de boucliers chez deux géants du numérique : Spotify et Epic Games.
Spotify et Epic Games : un duo uni contre Apple
Spotify n’a pas mâché ses mots, qualifiant le nouveau plan d’“inacceptable” et accusant Apple d’ignorer les “exigences fondamentales” du DMA. De son côté, Tim Sweeney, PDG d’Epic Games, a dénoncé un nouveau cas de “conformité malveillante” impliquant des “frais absurdes”.
Un système complexe et opaque
Les nouvelles règles d’Apple permettent désormais aux développeurs de créer des liens vers leurs sites web depuis leurs applications iOS sans adhérer aux règles du DMA. Mais attention, ils devront toujours payer Apple. Exit les frais technologiques, place à deux nouvelles taxes : des “frais d’acquisition initiale” et des “frais de services du magasin”. Le nouveau système tarifaire d’Apple est si alambiqué que même Spotify peine à en saisir toutes les subtilités. Les frais d’acquisition initiale s’apparentent à une commission pour avoir mis en relation les utilisateurs avec l’application via l’App Store. Ils s’appliquent pendant les 12 premiers mois. Les frais de services du magasin, eux, financent les opérations de l’App Store et sont facturés sur une base fixe de 12 mois.
La réaction de Spotify est sans équivoque. L’entreprise suédoise fustige une proposition “délibérément déroutante” et dénonce des frais pouvant atteindre 25% pour une simple communication avec les utilisateurs. Elle appelle la Commission européenne à accélérer son enquête et à imposer des amendes quotidiennes. Epic Games est encore plus virulent. Son PDG, Tim Sweeney, qualifie les nouvelles révisions d’illégales. Il pointe du doigt une taxe de 15% imposée aux utilisateurs migrant vers des boutiques concurrentes, ainsi qu’une surveillance du commerce sur ces plateformes.
Une bataille juridique et médiatique en perspective
La bataille juridique et médiatique ne fait que commencer. Apple, de son côté, reste discret sur ces accusations. Le géant américain devra sans doute s’expliquer devant la Commission européenne dans les semaines à venir. L’enjeu est de taille puisque les décisions de l’UE définiront les règles du jeu pour l’économie numérique européenne des prochaines années . Entre protection des consommateurs, innovation et juste rémunération des acteurs, l’équation s’annonce complexe à résoudre. L’issue de ce bras de fer déterminera si Apple continuera à imposer ses règles ou si un avenir plus équitable se dessine pour l’écosystème numérique.