Les cryptomonnaies ne sont plus un simple sujet technologique ou financier ; elles sont désormais au cœur du débat politique américain. À l’approche de l’élection présidentielle, les positions des candidats sur les actifs numériques pourraient influencer le choix des électeurs et, par conséquent, déterminer qui sera le prochain locataire de la Maison-Blanche. Comment en est-on arrivé là, et quels sont les enjeux pour les deux principaux partis ?
L’émergence des cryptomonnaies comme force politique majeure
Au départ confinées aux cercles restreints du darknet et des passionnés de technologie, les cryptomonnaies comme le Bitcoin ont progressivement gagné en popularité. Loin de leurs ambitions initiales de renverser le système financier traditionnel, elles sont devenues des actifs prisés par les investisseurs et les institutions. Cette évolution a conduit à une reconnaissance croissante de leur importance économique et à une nécessité de les intégrer dans le cadre réglementaire existant.
Les acteurs du secteur cherchent désormais à influencer les politiques pour obtenir un environnement réglementaire favorable. L’industrie crypto ne se compose plus seulement de geeks anonymes, mais aussi de professionnels influents et de milliardaires qui souhaitent protéger et développer leurs investissements.
Les républicains à la conquête du vote crypto
Saisissant l’opportunité, le Parti républicain a commencé à courtiser la communauté crypto. Des figures comme le sénateur du Wyoming, Cynthia Lummis, et le sénateur du Texas, Ted Cruz, se sont positionnées comme des défenseurs des actifs numériques. Ils voient dans les cryptomonnaies un moyen de stimuler l’innovation et de créer des emplois.
Donald Trump, candidat républicain à l’élection présidentielle, s’est autoproclamé “candidat de la crypto“. Bien qu’il ait autrefois exprimé des réserves sur le Bitcoin, il a récemment changé de ton, reconnaissant l’importance économique et électorale de ce secteur. En acceptant des dons en Bitcoin et en lançant sa propre collection de NFTs, Trump cherche à attirer les électeurs pro-crypto et à bénéficier du soutien financier des grands investisseurs du domaine.
Les démocrates face au défi des actifs numériques
Du côté démocrate, la situation est plus complexe. La sénatrice Elizabeth Warren est devenue la figure de proue de l’opposition aux cryptomonnaies, les considérant comme une menace pour la stabilité financière et un outil pour les activités illicites. Sous son influence, le gendarme boursier américain, la SEC, dirigé par Gary Gensler, a adopté une position stricte envers les entreprises crypto, intentant des procès contre plusieurs d’entre elles.
Cependant, cette posture a commencé à provoquer des tensions au sein du parti. L’administration Biden a été critiquée pour son approche rigide, qui pourrait freiner l’innovation et pousser les entreprises à quitter le territoire américain. Avec le retrait de Joe Biden de la course présidentielle et l’entrée en lice de Kamala Harris, les démocrates semblent prêts à reconsidérer leur position pour ne pas aliéner un électorat croissant et éviter de perdre le soutien financier des acteurs majeurs du secteur.
Le rôle du PAC Fairshake dans la campagne électorale
Au cœur de cette dynamique se trouve le Political Action Committee (PAC) Fairshake, une organisation financée par les poids lourds de l’industrie crypto, comme les milliardaires Marc Andreessen et Ben Horowitz. Doté d’un budget de plus de 200 millions de dollars, le PAC a pour objectif de soutenir les candidats favorables aux cryptomonnaies et de s’opposer à ceux qui y sont hostiles, notamment Elizabeth Warren.
Le PAC Fairshake a déjà mené des actions efficaces pour influencer des élections locales et pourrait jouer un rôle déterminant dans la campagne présidentielle. Son soutien financier est convoité par les candidats des deux partis, conscients de l’impact que pourrait avoir une telle somme sur leur campagne.
Les enjeux économiques et réglementaires autour des cryptos
Au-delà de la campagne électorale, les cryptomonnaies soulèvent des questions majeures en matière de réglementation et d’économie. L’adoption d’un cadre légal clair et favorable est essentielle pour maintenir les États-Unis à la pointe de l’innovation technologique. Les entreprises du secteur réclament une régulation qui protège les investisseurs sans étouffer le développement.
La SEC, sous la direction de Gary Gensler, a jusqu’ici adopté une approche stricte, rejetant notamment les demandes d’ETF sur le Bitcoin. Cependant, face à la pression politique et économique, des ouvertures ont commencé à apparaître, avec l’acceptation de certains produits financiers liés aux cryptomonnaies.