L’augmentation alarmante des superbactéries résistantes aux antibiotiques est un défi majeur pour la santé mondiale. Face à ce problème, des chercheurs explorent de nouvelles pistes pour développer des traitements plus efficaces. Une étude récente révèle un potentiel insoupçonné : le sang d’huître.
Un espoir venu de la mer : le sang d’huître
Des scientifiques ont découvert que l’hémolymphe, l’équivalent du sang chez les huîtres, contient des protéines antimicrobiennes capables de neutraliser certaines bactéries responsables d’infections courantes. Plus étonnant encore, ces protéines pourraient amplifier l’action des antibiotiques existants.
La pneumonie, les infections des voies respiratoires supérieures comme l’amygdalite, et les infections de la peau et de la gorge causées par Streptococcus pyogenes sont des affections fréquentes. L’abus d’antibiotiques a favorisé l’émergence de bactéries résistantes, rendant ces infections de plus en plus difficiles à traiter.
Les bactéries ont la capacité de former des biofilms, des communautés de micro-organismes qui adhèrent aux surfaces et se protègent du système immunitaire et des antibiotiques. Ces biofilms sont impliqués dans la majorité des infections bactériennes, ce qui complique encore davantage le traitement. Les huîtres, constamment exposées à une multitude de micro-organismes dans leur environnement marin, ont développé un système immunitaire robuste. Leur hémolymphe est riche en protéines et peptides antimicrobiens qui les protègent des infections.
Une tradition millénaire
L’utilisation d’huîtres à des fins médicinales est ancrée dans les traditions de nombreuses cultures. La médecine traditionnelle chinoise, par exemple, préconise l’utilisation de préparations à base d’huîtres pour traiter les infections respiratoires et les inflammations.
Des études ont démontré l’efficacité des protéines antimicrobiennes présentes dans l’hémolymphe des huîtres de roche de Sydney (Saccostrea glomerata) contre les bactéries Streptococcus spp. Ces protéines inhibent la formation de biofilms et peuvent même pénétrer ceux déjà formés.
Une synergie prometteuse avec les antibiotiques existants
L’association de peptides et de protéines antimicrobiennes aux antibiotiques classiques est une stratégie prometteuse pour améliorer leur efficacité. Ces peptides et protéines peuvent perturber les membranes cellulaires bactériennes, facilitant ainsi l’action des antibiotiques.
Les chercheurs ont observé une synergie significative entre les protéines de l’hémolymphe d’huître et différents antibiotiques contre des bactéries telles que Streptococcus spp., Staphylococcus aureus (staphylocoque doré) et Pseudomonas aeruginosa. Les protéines de l’hémolymphe d’huître présentent un potentiel considérable pour le développement de nouvelles thérapies antimicrobiennes. Elles sont capables d’éliminer les bactéries, y compris celles formant des biofilms, et d’augmenter l’efficacité des antibiotiques existants, sans présenter de toxicité pour les cellules humaines.