Un nouveau record du monde vient d’être dépassé : 12 000 km parcourus dans une seule fibre optique sur cinq canaux sans perte de données. Un grand pas pour l’avenir d’Internet vient d’être franchi.
Pour relier chaque PC, chaque smartphone ou encore chaque équipement électronique capable de se connecter à Internet, il faut un réseau d’infrastructure capable de les interconnecter tous. Après le réseau cuivre, les sociétés de télécommunications sont rapidement passées à la fibre optique, capable de faire transiter beaucoup plus de données et à une vitesse bien plus importante.
Pourtant, les équipements nécessaires utilisés coûtent relativement chers. Il est, comme pour le cuivre, obligatoire d’installer des répéteurs/amplificateurs de signaux optiques sur le parcours des câbles de fibres optiques sous-marin pour assurer le décodage du signal d’un continent à un autre. Pour réduire l’utilisation de ses équipements, il est possible de d’augmenter la puissance de transmission. Mais quand plusieurs signaux multiplexés sont envoyés dans une même fibre optique, cela se traduit par une cacophonie indécodable en sortie. Prenez par exemple, une personne dans un tunnel qui parle. A l’autre bout, il est possible d’écouter et de comprendre ce que cette personne dit. Prenez maintenant plusieurs personnes parlant fortement dans ce même tunnel, les sons se conjuguent et deviennent incompréhensibles. Pour la fibre, c’est le même principe : la diaphonie (ou cross-talk, en anglais). (Voir l’illustration ci-dessus)
Des chercheurs de l’université de San Diego, en collaboration avec l’Institut Qualcomm, viennent de publier un papier scientifique permettant de s’affranchir, jusqu’à une certaine mesure de cette diaphonie, sur des fibres optiques longues distances. Les premiers essais concluants permettent de faire transiter jusqu’à cinq canaux dans une même fibre optique sur une distance de 12 000 km, sans avoir recours à un équipement de restauration du signal de départ. Un nouveau record.
Après la génération du signal, ceux-ci passent par l’unité de pré-distorsion pour être décodé de l’autre côté de la fibre optique, 12 000 km plus loin.
Comment ? Au lieu de subir la distorsion, les ingénieurs et chercheurs ont créé un filtre de pré-distorsion permettant de déterminer avec certitude le masque de décodage à appliquer au signal reçu de l’autre côté de la fibre. Sur chaque canal, symbolisé par une couleur pour sa longueur d’ondes, le signal passe par une unité de pré-distorsion qui ne peut entrer en collision avec le signal voisin. Ensuite, de l’autre côté de la fibre optique, une autre unité décode le signal en retirant le masque apposé au départ permettant de retrouver le signal original.
L’utilisation d’une telle technique, pour relier les différents continents, est plutôt une bonne nouvelle. Cela permettra à l’avenir de réduire les coûts d’installation et de maintenance, notamment dans les fonds marins. En revanche, il reste encore un dernier pas à franchir avant de pouvoir mettre en place cette technique : le passage de cinq canaux à 32 canaux. Aujourd’hui, les sociétés qui exploitent les câbles sous-marins utilisent ce nombre de canaux pour le transit de nos données à travers la planète. Il faut donc encore un peu de temps avant de voir se concrétiser l’exploitation du système de pré-distorsion du signal.