Face à la montée des problématiques liées à l’anonymat sur les réseaux sociaux, des députés français ont proposé une mesure audacieuse : la vérification d’identité pour tout utilisateur souhaitant créer un compte sur ces plateformes. Cette initiative, bien que soutenue par certains, ne fait pas l’unanimité et suscite de nombreux débats.
Le concept d’identité numérique
La proposition émane d’un groupe de députés qui voient dans cette mesure une solution pour mettre fin à l’anonymat sur les réseaux sociaux. Ils envisagent un système où la certification serait gérée par des organisations agréées par l’État. L’objectif principal est d’associer chaque compte à une identité réelle tout en préservant la possibilité pour les utilisateurs de garder un pseudonyme. Cette démarche vise notamment à faciliter l’identification des auteurs de contenus malveillants et à responsabiliser davantage les internautes.
Le gouvernement français, par le biais de l’application “France Identité”, envisage d’utiliser la carte d’identité biométrique pour certifier l’identité des Français en ligne. Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large de dématérialisation des documents administratifs, tels que le permis de conduire ou la carte vitale. L’Union Européenne travaille également sur un projet visant à harmoniser ces outils numériques pour assurer leur interopérabilité à l’échelle européenne.
Une identité à valider, mais les pseudos toujours acceptés
Selon l’amendement déposé, à partir du 1er janvier 2027, toute nouvelle inscription sur un réseau social devrait être précédée d’une procédure de certification. Cette certification serait gérée par une entité agréée par l’État. Il est important de souligner que, bien que l’identité réelle soit vérifiée, les utilisateurs pourraient toujours opter pour un pseudonyme pour leurs interactions en ligne.
Bien que soutenue par certains députés, cette idée ne fait pas l’unanimité. Le gouvernement lui-même ne semble pas approuver cette mesure, évoquant des possibles incompatibilités avec le droit européen. De plus, des voix s’élèvent contre cette proposition, la jugeant inefficace et potentiellement dangereuse. Certains estiment qu’elle pourrait éroder la confiance dans les échanges virtuels et remettre en question les notions d’anonymat et de pseudonymat. La vérification de l’identité serait un mauvais filtre…
Le recueil d’identité sur les réseaux sociaux serait inefficace et dangereux.
Cette question est moins technique qu'elle n'y paraît ; sommes-nous prêts à anéantir tout ce qui contribue à la confiance dans nos échanges virtuels ? #anonymat #pseudonymat
➡️ https://t.co/gYLZNK0XH0
— eric bothorel (@ebothorel) September 26, 2023
À l’heure actuelle, la majorité des utilisateurs de réseaux sociaux ne sont pas totalement anonymes. Bien qu’ils n’aient pas à fournir une pièce d’identité lors de l’inscription, il est souvent possible de les identifier grâce à des éléments comme leur adresse IP. Certains réseaux vont même plus loin en demandant des pièces d’identité pour certaines vérifications. Mais il reste possible de se cacher ou encore de mentir sur son âge, notamment pour les mineurs en consultant des contenus réservés aux adultes.
La vision du gouvernement sur l’identité numérique
Le ministre du numérique, Jean-Noël Barrot, a souligné l’importance de développer l’identité numérique pour réduire la fracture numérique, s’inspirant de pays comme l’Inde et l’Ukraine. Il a également évoqué le potentiel de l’identité numérique pour encourager la dématérialisation des documents administratifs. Cependant, bien qu’il soutienne la vérification d’identité sur les réseaux sociaux, il préfère qu’elle soit basée sur le volontariat.
Je veux dire aux sites pornographiques
qui ne vérifient pas l'âge de leurs utilisateurs qu'ils sont lâches et irresponsables.
Vous sacrifiez la santé de nos enfants sur l'autel de vos profits.
Mais vous avez désormais la France face à vous. Nous ne vous lâcherons pas. pic.twitter.com/9DzQ8GYLZM
— Jean-Noël Barrot (@jnbarrot) September 29, 2023
La proposition de vérification d’identité pour les réseaux sociaux est un sujet brûlant qui divise. Si l’intention de sécuriser l’espace numérique est louable, la mise en œuvre de cette mesure soulève de nombreuses questions et préoccupations. Cette initiative sera t-elle adoptée et, le cas échéant, comment sera t-elle mise en place ? Réponses dans les semaines à venir.