Depuis quelque temps, les humoristes expérimentent de nouvelles façons de créer du contenu, notamment grâce à l’intelligence artificielle (IA). Anesti Danelis, un humoriste canadien, a par exemple utilisé ChatGPT pour écrire une partie de son spectacle au célèbre Festival Fringe d’Édimbourg. Le chatbot IA lui a non seulement fourni des blagues, mais aussi des chansons et des suggestions pour structurer son spectacle. Cependant, cette collaboration entre humour et IA soulève de nombreuses questions sur l’authenticité et l’avenir de la comédie.
L’IA, un outil pour stimuler la créativité ?
Pour les comédiens comme Anesti Danelis, l’IA n’est pas qu’une simple machine produisant des blagues. Elle s’avère être un outil puissant pour stimuler la créativité et générer de nouvelles idées. En demandant à ChatGPT de rédiger des chansons sur des thèmes aussi spécifiques que “les dilemmes bisexuels” ou “être un enfant immigré”, Danelis a reçu des idées auxquelles il n’aurait peut-être jamais pensé par lui-même. Bien que l’IA ne puisse pas créer une performance humoristique complète, elle peut servir de source d’inspiration et de brainstorming. Ainsi, elle aide les humoristes à sortir des sentiers battus et à renouveler leur répertoire.
Au-delà de la simple écriture de blagues, l’IA semble capable de jouer un rôle plus large dans l’élaboration de spectacles comiques. Danelis a découvert que ChatGPT pouvait également lui suggérer une structure logique pour son spectacle, en expliquant où placer chaque élément et pourquoi. Ce type de contribution peut alléger le processus créatif, mais il pose également la question de la place de l’humain dans ce processus. L’IA peut-elle vraiment comprendre les nuances de la comédie et savoir ce qui fonctionne auprès du public ? Danelis admet lui-même que son spectacle n’était qu’à 20 % basé sur l’IA, le reste reposant sur sa propre performance et son interaction avec le public.
Les réactions du public : entre fascination et scepticisme
L’utilisation de l’IA sur scène a provoqué des réactions mitigées de la part du public. Si certaines personnes, comme Olivia Smith, avouent leur scepticisme envers l’IA, elles admettent aussi que son intégration dans le spectacle apporte une touche de créativité inattendue. D’autres, comme Bethany Radford, estiment que l’IA a sa place dans l’écriture humoristique, à condition que son rôle soit transparent et assumé. Cependant, une question demeure : les blagues créées par une machine peuvent-elles être aussi efficaces que celles créées par un être humain ?
L’IA peut-elle remplacer la créativité humaine ?
Une étude menée par l’Université de Californie du Sud suggère que les blagues générées par l’IA pourraient être plus efficaces que celles créées par des humains. Cependant, cette affirmation est loin de faire l’unanimité. Viv Ford, une humoriste américaine, utilise ChatGPT pour tester son matériel. Elle a remarqué que les blagues qualifiées d’offensantes par l’IA fonctionnaient souvent bien auprès du public, alors que celles jugées simplement “drôles” échouaient. Cela démontre que l’humour repose sur des critères complexes que l’IA ne maîtrise pas toujours. Ford considère cependant que l’IA peut être un outil, tout comme Google, à condition de savoir l’utiliser correctement.
Pour certains humoristes, comme James Roque, l’authenticité reste la pierre angulaire de la comédie. Roque est convaincu que le public peut détecter l’absence d’authenticité lorsqu’une blague ou une performance n’est pas ancrée dans une expérience humaine réelle. L’humour, selon lui, doit être vulnérable et profondément humain, des aspects que l’IA ne peut pas reproduire. Il souligne également que le public est de plus en plus émotionnellement intelligent et capable de repérer les contenus qui manquent d’authenticité.